Les artistes
Johanne Bilodeau |U Laval
Bercés par le mouvement lent des eaux de la rivière, Assemblés par le souffle de l'être ensemble. Acrylique sur toile, 61 cm x 76 cm, 2024.
Habitée par la question de l’être ensemble, j’ai choisi de sonder ce sujet particulier dans le cadre de ma maîtrise en arts visuels. Mon désir de compréhension intime des schémas de cohabitation, d’agencement et d’interrelation le régissant me conduit à développer une méthodologie de recherche création fondée sur l’expérience.
De la rencontre et du processus de singularisation naît une écriture fragmentée. L’autofiction me permet de transformer ce qui est vécu en matière langagière et plastique. Simultanément prennent corps à l’atelier, les éléments hybrides d’un écosystème textuel, pictural et spatial où des jeux de combinaisons participent à l’évolution de ma démarche.
Les manifestations décloisonnées de ma pratique me font porter attention à l’apport essentiel du regard de l’autre comme source de construction de l’œuvre. L’expérience de la réception m’ouvre des avenues inattendues dans la compréhension de mon sujet de recherche. C’est en elle que l’expérience multimodale de l’être ensemble devient entière.
Adèle Bluteau |UQO
Tricot modulaire / Décès liés à la COVID-19 en Outaouais, impression sérigraphie sur plexiglas, 2024.
Adèle Bluteau cherche à se réapproprier le temps perdu à subir la pandémie de COVID-19 en donnant aux données la forme de son expérience. Cette expérience, qui n’est pas représentée dans les informations publiques partagées par le gouvernement, est celle de l’interruption de toutes les activités personnelles, l’adoption de divers passe-temps et la consommation massive de données. En tant que graphiste, Bluteau remarque l’usage fait des diagrammes par le gouvernement. Elle questionne le rôle du design d’information et la fonction politique des diagrammes dans le cadre de la communication sociale liée à la pandémie. Bluteau reprend les catégories et les données officielles, mais y ajoute aussi ses données personnelles, pour les intégrer à des diagrammes structurés par la forme de ses passe-temps. À travers ces diagrammes, l’auteure présente la personne graphiste comme actrice et se représente, ce qui permet de défaire l’objectivité anonyme et impersonnelle de l’information.
Marly Fontaine |UQO
Ma démarche artistique traite principalement des pensionnats autochtones, des atrocités vécues par ces enfants dans les pensionnats et des traces laissées par leur maltraitance sur ma communauté. La voix est dominante dans mes créations. J'honore ainsi ma culture. L’oralité est à la base de la culture innue. Notre voix transmet autant le savoir, l'Histoire que nos valeurs. Tous nos savoirs sont transmis ainsi. Nos histoires expliquent comment nous devrons respecter la terre et les nôtres. L’oralité représente le cœur de notre culture. Le sujet de mon mémoire est l’usage performatif de ma voix pour porter l’histoire de mon peuple (Innus) dans un but de guérison et de réconciliation.
Mathieu Gagnon |U Concordia
Maison Louis-Hyppolite La Fontaine – Chantier. Impression jet d’encre sur papier coton (photogrammétrie), 76 x 110 cm, 2019.
Ma pratique artistique est basée sur l'utilisation de la photographie et de technologies telles que la photogrammétrie (scan 3D), pour représenter des espaces, lieux et bâtiments négligés mais chargés de symbolisme ou d'histoire. Ces recherches sont motivées par la volonté de contribuer à la réappropriation d'espaces tels que les friches post-industrielles et le patrimoine bâti délaissé, en les considérant comme des biens collectifs. Le concept de reconstitution, tel qu’en archéologie, est au cœur de ce processus, utilisant les fonctionnalités offertes par la technologie des «nuages de points» (point clouds) pour produire des images et modélisations précises mais évoquant aussi souvent des scènes nocturnes ou, paradoxalement, des objets en pleine désintégration. Mon travail implique également des recherches d’archives, parfois réarrangés en installations d’images imprimées, le tout visant à exprimer un commentaire ou une critique à propos de l'urbanité, ses politiques, et notre relation au territoire.
Marina León |UQAM
À travers ma pratique en bande dessinée humoristique et autobiographique, j’explore de différentes figures d’outsider. La création de mes œuvres nait du désir d’extérioriser mes questionnements, souvent autour de l’isolement, de la solitude et de l’identité. Mon origine cubaine et brésilienne, dans le contexte culturel homogénéisateur où j’ai grandi en Argentine, m’a donné un regard particulier sur l’identité culturelle et l’appartenance aux communautés.
Mes récits et scénarios sont faits à partir de procédés cathartiques, souvent avec l’usage de l’humour et la mise en abîme. C’est grâce à ceux-ci que les textes et les dessins sont développés pour devenir des bandes dessinées, lesquelles sont parfois autoédites en format de zine.
Au contact de mes œuvres, j’espère susciter chez le public un sentiment d’ambivalence, un effet contradictoire entre le rire et la réflexion, ainsi qu'une surprise à propos de la profondeur des sujets abordés, étant donné qu’il s’agit des bandes dessinées comiques.
Fanny Pimpurniaux |UQAT
La publicité exerce une influence profonde sur nos vies, façonnant nos perceptions, nos désirs et nos actions. Plus qu'un simple outil de promotion, la publicité contribue à la construction de stéréotypes et de références cognitives, inscrivant dans notre esprit des associations qui guident nos réflexes et nos décisions. Dans ce paysage saturé d’informations émergent les dark patterns. Les dark patterns sont « des interfaces internet truquées ou trompeuses, des messages textuels, des présentations ou des fonctionnalités particulières, volontairement conçus pour vous pousser à faire des choix que vous n’auriez pas fait en leur absence. » (Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes, 2024). C'est dans ce contexte que s'inscrit notre projet, dont l’objectif est de concevoir un dispositif interactif qui participe à une réflexion critique sur le design marketing. Dark Patterns est une expérience en réalité virtuelle, immersive et interactive où les visiteurs vont participer aux phases de test d'un nouveau casque de réalité mixte, contribuant ainsi au développement de la publicité et du marketing. Ils sont transportés dans un univers où les limites entre le corps et la technologie s'estompent, permettant ainsi au marketing de déployer ses stratégies les plus intrusives. Nous allons, à travers ce travail, analyser les procédés immersifs de notre projet Dark Patterns.
Illiez Planche |U Concordia
Telomatic, installation multimedia, 2022. Crédits photo: Sam Meech
bricolage
transdisciplinaire
multimedia
altérité
intersubjectivité
poésie
technique
corporéel
dématérialisation
ré-incarnation
post-numérique
Samah Saidi |U Laval
Crime d’hockeyeur, de la série stéreodibs. Impression sur soie. 152 cm x 92 cm, 2024. Crédit photo: Carlos Ste-Marie.
Samah Saidi est né à Tunis et vit au Nionwentsïo (Ville de Québec). Dans son travail, il investigue sa mémoire et fantasme son récit personnel par le biais de la parole, d’objets, de documents et de pratiques. Ses oeuvres se déclinent principalement en installations, en vidéo, en son et en performances. Elles prennent forme grâce à un processus d’hybridation de signes, tantôt personnels, tantôt communs. Elles l’amènent à actualiser et à spéculer ses souvenirs, à fabuler ceux qui manquent et ceux qui sont à venir. Par une sorte d’accélération de phénomènes inévitables, ceux du mélange et du changement, il revendique la notion d'une transformation créatrice qui joue des caractères (im)permanents de l’identité.
Véronique Tremblay-Gagnon |UQAC
Véronique tenant la tête de Simon (de Judith tenant la tête de Holopherne, Cristofano Allori, 1613), Image numérique, Papier photo et cadre en bois, 34x26 po, 2023.
En tant qu’artiste-pédagogue, je puise mon inspiration dans la complexité des relations humaines et de la sensibilité qui nous caractérise. La vie humaine est une source d’inspiration profonde pour moi, spécialement la mémoire et le souvenir. Mon processus créatif est lui-même guidé par mes propres émotions et mon vécu personnel, que j’essaie de partager tout en donnant au spectateur la possibilité de s’y identifier, de s’y retrouver. Je travaille pourtant avec un outil, un médium qui est des plus neutre et insensible: l’intelligence artificielle générative. Celle-ci fait partie de mon sujet de recherche à la maîtrise, où elle est considérée comme alliée, et non comme menace. Je cherche à provoquer un retour dans nos souvenirs, à travers une technologie qui ne cessera d’évoluer dans le futur.
Maude Vien |UQAC
Effloraison, Installation vidéographique, approx. 5 min, impression numérique sur textile, ventilateurs, 3.5 X 5 pied, 2024.
Je m’intéresse aux processus d’émulation du réel en création numérique. Je préconise une approche écosensible dans mon travail, avec une volonté de douce militance écologique. J’explore le potentiel politique d’un discours sur la nature en soulevant l’idée de pérenniser l'existence d’une communauté du vivant. J’utilise simultanément des techniques analogiques, de la captation numérique, la photographie, l’animation 3D et diverses techniques d’impression, je mets en espace des paysages abstraits qui jouent sur l’expressivité de la matière. Parmi les questions qui sous-tendent ma démarche, l’observation d’un écosystème dans sa plasticité et sa temporalité me permet, dans la recherche d’une interconnectivité des humains et de la nature, de générer une trace sensitive. Je perçois l’art comme un outil de relation entre les éléments naturels et le corps, à la fois complexe, virtuel et nuancé. Notre corps perçoit et agit dans une conversation entre l’extérieur, l’intérieur et l’immersion numérique. J’aime le concevoir comme un territoire habité par une frontière sensible.
Aïda Vosoughi |UQAM
Comme un rêve estompé (titre provisoire). Acrylique sur un support fait à la main, à partir du bois recyclé d’une palette de transport. Dimensions approximatives : 107 X 104 cm. Photo : l’artiste.
Mes recherches actuelles portent sur la frontière en tant qu'agent de transformation et d'émergence de nouveaux paysages, notamment à travers sa dynamique à l'égard des mouvements migratoires. Ce projet s'inscrit dans la continuité de mes recherches des dernières années sur la notion de paysage et ses changements dans un contexte historique. Les frontières ne délimitent pas seulement des territoires, elles façonnent aussi la mentalité des personnes qui y vivent et la manière dont elles meurent. Ce corpus découle d'une résidence autour de la frontière franco-britannique, où j'ai observé l'invisibilisation et l'effacement systématique des personnes exilées de tous les discours sociaux et humains. Ce projet cherche à mettre en lumière la déshumanisation des personnes exilées dans la société. Ce faisant, il s'oppose à l'image passive et sans agentivité des personnes exilées représentée par les arts et les médias, qui créent de nouvelles frontières reproduites à partir des hégémonies dominantes.
Caio Xavier |UQAT
Avez-vous déjà ressenti le manque de quelqu'un ? En portugais, le mot Saudade désigne ce sentiment d'amour, d'affection et en même temps de douleur. Mais que se passe-t-il lorsque la saudade perdure et qu'il ne reste que la douleur du vide ? Dans Saudade, un jeu d'aventure en réalité virtuelle inspiré par la trajectoire de ma grand-mère après la mort de mon grand-père, le joueur voyage dans l'inconscient d'une artisane âgée qui vit les effets du trouble mental du deuil prolongé après la mort de son mari. Avec une approche surréaliste et spirituelle, j'intègre l'artisanat et la bossa nova comme éléments narratifs, proposant une réflexion sur le sens de la vie et les effets du deuil prolongé. Saudade propose une expérience immersive unique, invitant les joueurs à naviguer entre souvenirs et réalités altérées, tout en explorant la complexité des émotions humaines.